En 2004, je m'étais présenté aux élections de la Chambre de Commerce et d'Industrie du Cantal, pensant naïvement oeuvrer pour le développement économique de mon département. J'étais sur la liste de Bernard Bouniol, catégorie des entreprises de services. A mon grand étonnement, malgré un profil complètement atypique, je fus de toute la liste le candidat élu avec le plus de voix. C'est donc avec enthousiasme que j'avais abordé mon mandat, en comptant bien apporter mon grain de sel.
Las, moins de 6 mois plus tard, me rendant compte de mon inutilité totale, je décidai de m'épargner ces réunions interminables qui ressemblaient plus à des discussions de café du Commerce qu'à de vraies réunions productives. Je m'étais présenté pour participer, pas pour faire de la figuration.
2010, de nouvelles élections se tiennent dans quelques semaines. Je m'attendais à ce qu'un lieutenant du président prenne la tête de la liste sortante. Et là, surprise, Bernard Bouniol se présente à nouveau ! Je n'ai d'abord pas voulu le croire. Mais j'ai dû me rendre à l'évidence. A 73 ans, le président sortant remet ça. La question est de savoir si la CCI du Cantal a besoin d'un président qui frôlera les 80 ans à la fin de son mandat. Je crois que "l'énergie que l'on met à durer, on ne la met pas à faire". Ce n'est pas de moi, c'est de Sarkozy pendant la campagne 2007.
En face, une seconde liste se présente avec à sa tête une femme. Elle a pour elle un point fort à mes yeux : elle se présente dans un esprit d'ouverture et n'a pas pour objectif de défendre ses intérêts ou ceux de son réseau relationnel.
Vu sur le web :
Aurillac, élections de la CCI : forte demande de changement
Capitaine, lieutenants, et l’artillerie bientôt ? cartouches, attaques, missiles, guerre des tranchées : c’est guerrier tout ces mots. Pour une simple élection à la CCI du Cantal , cela ressemble à un conflit ouvert.
Il peut bien exister un conflit dans une CCI : mais c’est un tout autre conflit : le conflit d’intérêt. A la CCI de Lyon , l’actualité de la rentrée 2010 c’est : son président passe en correctionnel. Pourquoi ? Il est poursuivi dans le cadre de sa fonction de président de la CCI pour "détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêts. »
Pour faire rapide je vous résume (tout ce qui suit vient de ce que j’ai lu, entendu dans les media, vous pouvez allez faire un tour sur la toile pour vérifier)
Etape 1 : Contrôle par la Cour régionale des comptes (CRC)
Cela commence par un rapport de la Cour régionale des comptes (CRC) qui est venu contrôler la CCI de Lyon et oui car c’est une administration qui manie des deniers publics et à ce titre les élus ne peuvent pas faire n’importe quoi avec l’argent qui n’est pas le leur :
- le + : la situation financière est saine.
Mais après c’est :
- La CCI a fait appel à un consultant, Christian Barthélémy, dont le travail n’est pas justifié (des études qui ont couté 46 400 euros). Ce Monsieur Barthélémy aurait répondu « C'est complètement surréaliste d'imaginer la moindre activité fictive ».
- le rapport décrit les conditions de licenciement de l'ancien directeur. Coût : 490 242 euros comprenant notamment une indemnité de licenciement, le montant du préavis, un 13e mois et une prime exceptionnelle. Or le rapport de la Chambre des comptes précise « que de telles indemnisations ne sont pas prévues dans le statut du personnel des CCI, et que le choix de non-exécution du préavis a coûté à la CCI six mois de rémunération supplémentaires ».
- le rapport décrit le niveau de la rémunération des directeurs généraux et des cadres dirigeants « en regard de ceux des agents de la fonction publique exerçant des responsabilités comparables ».
- le rapport décrit l'augmentation des frais de mission et de réceptions (+ 105 000 euros entre 2005 et 2008) et celle des frais de déplacements : 20 % des dépenses affectées à la présidence et aux membres de la CCI en 2008 (contre 12 % en 2005). Mais le président de la CCI réplique en justifiant cette hausse par des déplacements à l'étranger « en particulier pour le projet « Lyon-Dubaï City ».
- Enfin, la CRC reproche à la CCI de ne pas « s'être donné les moyens de mettre en place un véritable dispositif de prévention des conflits d'intérêt ».
Etape 2 : Autant de critiques que réfute le président de la chambre consulaire
Je vous passe les réactions du Président de la CCI suite à la diffusion de ces infos dans la presse locale( qui je rappelle fait son boulot d’information) ? Allez non, car c’est quand même éclairant sur la capacité à avoir les mots pour expliquer que tout va bien, passez votre chemin, j’ai rien fait de mal. La force, c’est le discours.
Bref, il se défend. Il n’est pas coupable.
Extrait :
«
> Pourquoi avoir recruté M. Barthélémy comme consultant ?
Pour sa pertinence en tant qu'expert. Vous savez, nous sommes la seule CCI qui ne peut pas avoir de directeur de cabinet. (…)
> Et les avis portant sur les indemnités de licenciement de votre ancien directeur ?
C'est inscrit dans les statuts des CCI. C'est hallucinant. Un directeur renvoyé par son président peut garder son statut pendant six mois.
> Et la hausse du train de vie de la présidence et des élus ?
On a mis dans ce poste des missions qui n'ont rien à voir avec. Je rappelle que je ne perçois aucune indemnité de la CCI contrairement à mon prédécesseur.
Etape 3 : Le président de la CCI a été placé en garde à vue en juin 2010 dans les locaux de brigade financière de la police judiciaire à l'hôtel de police de Lyon.
La presse indique : Guy Mathiolon a été placé en garde à vue en juin dernier après un rapport de la Chambre régionale des Comptes portant sur la gestion de la CCI de Lyon. Il en était ressorti libre.
Au titre de l'article 40 du code de procédure pénale, la Cour régionale des comptes, juridiction administrative, a transmis le dossier au parquet du tribunal de grande instance de Lyon, qui a décidé d'ordonner une enquête à la section économique et financière de la police judiciaire de Lyon. L'enquête doit permettre de vérifier la réalité des éléments contenus dans le rapport de la CRC.
« Le placement en garde à vue de Guy Mathiolon, révélé hier par Le Progrès, a provoqué la « surprise » de son avocat, l'ancien bâtonnier de Lyon, Adrien-Charles Dana, qui a trouvé son client « combatif ». La chambre de commerce et d'industrie de Lyon ne s'est pas exprimée hier sur la situation inédite de son président, tandis que le président de la CGPME Rhône-Alpes, François Turcas, le syndicat patronal auquel appartient Guy Mathiolon, a aussitôt apporté tout son « soutien » à l'intéressé. »
Regardez la video sur la défense du Président de la CGPME:
http://www.dailymotion.com/video/xf07xl_cci-de-lyon-francois-turcas-defend_news
Etape 4 : Le président de la CCI de Lyon est poursuivi pour "détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêts"
Guy Mathiolon, président en exercice de la CCI de Lyon, est renvoyé devant le tribunal correctionnel. Il doit comparaître le 12 janvier 2011. Guy Mathiolon est poursuivi pour "détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêts".
Rédigé par : couderth | 18 octobre 2010 à 00h06
Sacré Lightman, je crois que ta jeunesse est allée de pair avec ton impatience.
Je te comprends car j'ai le meme travers.
Ceci dit , claquer la porte fait plaisir sur le coup et rend malheureusement service à ceux qui t'agacent car tu laisses la place libre.
Peut-etre est-ce le moment pour toi de rejoindre la nouvelle équipe en lice en face ? Quoi qu'il en soit, on est toujours plus efficace de l'intérieur que de l'extérieur, avec quelques concessions ...
Fais pas les memes bétises que moi...
A bientot
Rédigé par : Nicole Soulenq Moissinac | 19 octobre 2010 à 23h47
Claquer la porte ne m'a pas vraiment fait plaisir, c'est juste le résultat d'une série d'interrogations :
- Qu'est-ce que je fais là ?
- A quoi ça sert que je vienne ici ?
- Si je ne venais pas, est-ce que ça changerait quelque chose ?
- Est-ce que je peux faire bouger les choses ici ?
- Est-ce que mon temps serait mieux utilisé à faire autre chose ?
- Est-ce que je serais plus utile ailleurs ?
- Est-ce que j'aime venir ici ?
Les réponses à ces questions étaient toutes limpides, donc je suis parti. Je n'ai pas de plan de carrière, pas d'ambitions politiques. Et la vie est trop courte pour s'emmerder dans des réunions médiocres, aussi stériles qu'interminables.
Franchement, il n'y a pas grand chose à faire de décisif à la CCI. C'est une des institutions les plus conservatrices qui soient, sans réel pouvoir sur l'économie. Elle sert surtout à inaugurer les chrysanthèmes.
Rédigé par : Lightman | 20 octobre 2010 à 10h57
Complètement d'accord avec toi sur ton raisonnement. Je crois malgré tout que ta fibre altruiste et collective est dans les starting blocks; biensur tu l'exerces dans ta vie professionnelle et privée mais faire encore plus reste encore peut-etre dans un coin de ta tète .
La voie associative et la voie politique sont les 2 principaux moyens avec leurs inconvénients et paradoxes; il ne s'agit pas d'ambition personnelle mais de réalisation complète de sa personnalité .
Alors, pourquoi pas dépoussiérer ce qui existe ou si c'est trop "crasseux" , créer un nouveau support ?
Rédigé par : Nicole Soulenq | 20 octobre 2010 à 11h43
Oui, de toutes façons, je finirai bien par essayer quelque chose, histoire de pas m'encroûter dans la routine :)
Rédigé par : Lightman | 20 octobre 2010 à 14h34
couderth> Cette affaire est révélatrice du mélange des genres tel qu'il se pratique couramment dans notre département... Entre élus du peuple / entreprises / dirigeants de clubs sportifs / monde associatif...
C'est dingue, mais c'est tellement courant que tout le monde a l'air de trouver ça normal.
Rédigé par : Lightman | 08 novembre 2010 à 16h12
Vous avez raison, c’est vrai dans le Cantal mais à mon avis comme ailleurs, mais le réveil est au rdv avec une vraie élection et non une simple formalité confortable si une seule liste.
Certains ont pensé que le Cantal passerait à côté de ce ras le bol de ces «pseudo élites » qui ne représentent qu’ eux-mêmes et qui ont l’ambition de plaire plus que la capacité de faire.
Cette élection est super intéressante car c’est à la clé, peut-être, la défaite d’un système, celui de ceux qui pensent à se servir au lieu de servir, tout en faisant croire qu’ils sont là pour servir.
Un seul exemple ? En 2004, sur ce même blog M. Bernard Bouniol écrivait qu’il faisait du « bénévolat ». Il oublie de dire que grâce à son mandat, il siège au Conseil Economique et Social Régional à Clermont-ferrand et que cela lui rapporte de belles indemnités, au moins 800.00 euros nets/mois et sûrement plus.
Nous avons eu des grandes figures et nous avons bien sur encore des gens biens dans notre département. Il revient maintenant aux électeurs de faire leur choix car après tout c’est bien eux qui décideront.
Votre blog a un super écho même si peu de commentaires. Je pense qu’il contribuera à faire bouger et faire réfléchir.
Rédigé par : couderth | 08 novembre 2010 à 23h34
@Couderth> Espérons surtout que les chefs d'entreprises vont voter. Car souvent, ce qu'on entend (et qui n'est pas complètement faux!), c'est : "A quoi bon voter, ça sert à rien la CCI" ;-)
Ca vaudrait le coup de faire campagne même sans être candidat, juste pour inciter les gens à voter ! Plus la liste gagnante aura de voix, plus elle sera légitime.
Les élus locaux raillent souvent les élus de la CCI qui sont élus avec un poucentage de voix ridicule. Ils ont raison, la plupart des élections de CCI n'intéressent personne. Espérons que cette fois-ci, ce ne soit pas le cas, vu qu'il y a 2 listes en présence. Ca devrait susciter un regain d'intérêt.
Rédigé par : Lightman | 09 novembre 2010 à 09h19
Article au titre amusant et de circonstance aujourd’hui sur le net « Election à la CCI d'Aurillac, remaniement ministériel de la liste B BOUNIOL »
6 chefs d’entreprise quittent donc le « président », le « bénévole » Bernard Bouniol qui pourrait empocher donc pas loin de 60 000 euros via sa présence à la CCI depuis 2004 !
Pour la liste du bénévole*, hip, hip, hip hourra. Jean Bruel, Christian Millette, Dominique Vernières, Bernard Bouniol, Henri Manhès & tous les autres. Du bénévolat, hip, hip, hourra.
*Definition du bénévole : c’est quelqu’un qui fait gratuitement.
Rédigé par : laviestbelle | 15 novembre 2010 à 13h01
@laviestbelle> Oui j'avais lu l'article sur le blog de C.Guittard. La question que je me pose : quelles sont les raisons de ces départs et arrivées de dernière minute ?
Est-ce que ce sont des démissions ou des mises à l'écart ? Ce serait intéressant d'avoir l'avis des intéressés. Si jamais il en passe un par là, qu'il parle ! :-)
Rédigé par : Lightman | 16 novembre 2010 à 21h23